"L'aventure de Robin Trower, héritier occulté d'Hendrix, débute !"
"Fort d'une notoriété obtenue dans les rangs de Procol Harum, Robin Trower cristallise sa volonté d'animer son propre projet en cohésion avec l'évolution de plus en plus incisive du blues, à la frontière entre le blues rock et le hard rock sur une sensibilité singulière de space-prog rock."
L'été 1967 est gravé dans l'histoire du rock à travers le fameux "Summer of Love", dont l'épicentre se situait au large de la côte ouest américaine. Celui-ci a définitivement marqué les esprits, puisqu'il constitue un inestimable point d'orgue du mouvement hippie, dont l'ampleur a été jusqu'à s'immiscer jusqu'à nos jours dans l'âme de la culture populaire, en compagnie du festival Woodstock, avec la philosophie bien connue du "flower power". Sous le ciel clair californien ont déferlé de multiples morceaux, galvanisant cette séquence contreculturelle. Parmi ceux-ci, on a "White Rabbit" de Jefferson Airplane, "All You Need is Love" d'un certain groupe de Liverpool, ou encore le baroque "A Wither Pale of Shade" de Procol Harum, s'étant vendu a plus de dix millions d'exemplaires. Ce même été, un guitariste en quête de lumière artistique fait son apparition au sein de cette dernière formation, l'accompagnant jusqu'en 1971. Il s'agit du méconnu et prolifique Robin Trower.
Après la dissolution de son initial projet The Paramounts, et l'essai de The Jam (à ne pas confondre avec le peloton de Paul Weller), notre orfèvre musical anglais va donc, dans les rangs de Procol Harum, délivrer parmi ses plus belles maquettes psychédéliques. En août 1970, le groupe se présente au culte festival Isle of Wight, dans lequel jouera aussi Jimi Hendrix. L'exposition à la légende de Seattle va profondément toucher Trower, qui ne tardera pas à quitter la bande du single au grand succès commercial. A la suite d'une expérimentation avortée nommée Jude (contenant le batteur original de Jethro Tull, Clive Bunker), c'est autour du bassiste et chanteur James Dewar (Stone the Crows) et du percussionniste Reg Isidore que le guitariste de Londres constitue son dessein orchestral en début d'année 1973, basé sur l'idée du "power trio" constaté chez Cream et The Jimi Hendrix Experience. Sans doutes grâce à la réussite acquise avec Procol Harum, ainsi que par le soutien du producteur Matthew Fisher (ayant joué le clavier sur "A Wither Shade of Pale") le Robin Trower Trio réalise son originel recueil, intitulé "Twice Removed from Yesterday", voyant le jour en mars 1973.
Dès le lancement de "I Can't Wait Much Longer" (avec le travail au clavier de Matthew Fisher), on est agréablement saisi par une texture et un son fins, déliés, atmosphériques, limpides, et solides, parcourant toute l’œuvre. Ceci est entériné par l'illustration au teint "cosmique", imaginée par Paul Olsen, ancien batteur de Third World War, considéré comme précurseur du punk anglais !) Un trait caractéristique de Hawkwind, Blue Cheer, couplé à la verve de Hendrix, édifie l'âme de des compositions. Soudainement, sur la pièce d'ouverture, est affiché un ton rappelant Black Sabbath. James Dewar possède une voix que l'on peut définir comme orientée vers de plus subtils et calmes accents de Robert Plant, et Rod Stewart. "Daydream" est un magnifique hommage à Hendrix, sans en être une pâle copie ! Le troisième extrait "Hannah" revient sur un Black Sabbath aérien, à côté d'un solo épique au relief spatial. Ceci suit à travers "Man of the World".
La seconde partie de cette création revient davantage sur l'élément terrestre, Avec "I Can't Stand It", on atterri sur un hard rock bien brut, marqué par des riffs forts et infrangibles ; la reprise de "Rock Me Baby", titre largement répandu (et non écrit) par B.B. King, manifeste les racines et l'attachement crucial de Trower au blues. L'extrait éponyme nous fait de nouveau décoller vers les sphères éthérées de l'univers, où l'on savoure de légers pas tendus vers le rock progressif. Procol Harum, par le biais des travaux de Robin, en est considéré comme l'un des précurseurs, ce qui permet de faire le lien. Par ailleurs, Robert Fripp lui-même sera un grand admirateur du joueur de Stratocaster Sunburst, allant jusqu'à prendre des cours de musique auprès de lui ! "Sinner's Song" réitère une démonstration plus "hard", embrassée par un excellent solo. Enfin "Ballerina" achève le voyage sur une note langoureuse, notamment par le riff terminal totalement exquis.
Seulement un an plus tard, en 1974, le groupe accouche l'imposant "Bridge of Sighs", que la critique acclame comme leur meilleur ouvrage. Cela est émaillé par les volumineuses ventes, atteignant la même année plus de cinq-cents mille. Des formations heavy metal reprendront quelques morceaux, tels que Opeth et Metallica ! Ainsi, on ne peut qu'attester, à notre avis, l'incommensurable qualité artistique dont dispose Robin Trower, qui semble jusqu'à aujourd'hui assez relégué dans l'ombre. On apprécie également "Twice Removed from Yesterday" que son éclairé successeur. Tout le long des seventies, Trower parsèmera sa route d'autres offrandes influentes. Fait intéressant : En 1975, sortira le troisième opus, "For Earth Below", introduisant le percussionniste Bill Lordan. En compagnie de ce dernier, Robin s'alliera, en 1980, avec Jack Bruce, ancien bassiste de Cream. Tout amateur de rock classique et de blues se doit de redécouvrir Robin Trower, lequel est un digne héritier de l'école Hendrix !
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