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Couverture réalisée à partir de mélange de "liquides" et "solides" de diverses matières et couleurs (selon les dires de Mike Shinoda). |
Les deux mois succédant la parution du surprenant, édulcoré, et léthargique "One More Light" ont vu survenir la soudaine et tragique disparition du très charismatique chanteur de Linkin Park, Chester Bennington, qui a succombé, à la suite de l'également regretté Chris Cornell, à un profond abattement existentiel, contre lequel il s'est battu durant la totalité de son séjour terrestre. La promotion du septième opus du groupe a en conséquence été annulée, permettant de laisser le reste des membres, ainsi que le monde entier, de vivre et consommer un deuil requis. Une seule apparence s'est déroulée au Hollywood Bowl le 23 octobre 2017, en hommage évident à Bennington. C'est le public lui-même qui s'est occupé des parties de chant ! Dès l'année suivante, en 2018, le leader Mike Shinoda a partagé publiquement sa volonté de poursuivre l'aventure de la formation nommée après le parc Lincoln, sans bien sûr savoir lorsque celle-ci reprendra.
De manière assez symbolique, 2017 est l'année de la rencontre fructueuse entre la bande californienne et la jeune chanteuse de Dead Sara, Emily Armstrong, qui commencera à contribuer et composer avec la bande à Shinoda vers 2019. Cette même année est introduit batteur Colin Brittain, remplaçant le pionnier du groupe Rob Bourdon, ce dernier ne souhaitant pas contribuer davantage. En effet, son investissement au sein du peloton ne cessera de décroitre jusqu'à l'annonce, courant 2022, de son départ, pour des raisons encore inconnues (peut-être liées au décès de Bennington ?). Lors du confinement dû au coronavirus, une inédite réactualisation de "Hybrid Theory" nait, soutenue par celle de "Meteora" en 2023, à l'occasion de leur vingtième anniversaire respectif. Enfin, en 2024, est tenue la publication du tout premier "best of", intitulé "Papercuts". Celui-ci contient en majorité des titres des deux initiales offrandes de 2000 et 2003, favorisant certaines spéculations quant à la future direction artistique de Linkin Park...
En août 2024, ce sont les membres du fan club "Linkin Park Underground" -association délivrant des exclusivités en lien avec l'équipe californienne- qui, avant tout autres, obtiendront d'heureuses nouvelles au sujet d'une concrétisation musicale. L'annonce d'une performance est confirmée pour le 5 septembre 2024. Cette dernière est diffusée en ligne, et met en lumière la situation de Linkin Park : alors que le reste de la formation est intact, Emily Armstrong et Colin Brittain assureront désormais respectivement le chant, et la batterie. Le huitième disque, nommé "From Zero", et intégralement produit par Shinoda, est révélé. Il est le résultat de plus de cinq ans de travail ! Le titre fait à la fois référence à l'ancien patronyme du groupe, Xero, ainsi qu'à l'idée d'un nouveau départ.
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Œuvre illustrant le single "The Emptiness Machine". |
"The Emptiness Machine" est déchainé ce même 5 septembre, attirant des millions d'auditeurs. Ce morceau pourrait se placer entre un "Easier to Run" et un "Leave Out All the Rest", avec un tempo accru. Le retour aux sources, aux côtés de l'intéressant et occulté "The Hunting Party" (disposant également d'éléments que l'on positionnera entre un "Meteora" et un "Minutes to Midnight" en ajoutant l'aura d'un "Living Things" sans équivoques) expulsé tout juste dix ans auparavant, est limpide. "Casualty" la pièce la plus colérique de ce huitième monument, redirige vers cette phase parfois plus "hardcore" représentée par "The Hunting Party", même si le mixage est, selon nous, assez questionnable. On y ajoutera l'énergique "IGYEIH", au refrain explosif.
Cependant, la facture de cette toute fraiche offrande, outre le génial "Two Faced" (accouché quelques jours avant la sortie définitive de "From Zero") ressemblant fortement à un croisement entre "Figure.09" et "One Step Closer", ou encore "Heavy is the Crown" (thème officiel de la quatorzième itération du championnat du jeu vidéo "League of Legends"), sensiblement proche d'un "Faint", reste ancrée dans un équilibre entre les parfums plus adoucis que l'on a goûté depuis le recueil de "Shadow of the Day" et "In Between". On peut s'attarder sur "Over Each Other", laissant transparaitre une approche plus qu'accessible, relayée par les vocalises tempérées de Armstrong.
En parlant d'elle, il est indéniable de constater que sa personnalité artistique sied parfaitement au nouveau visage de la formation, avec son grain à la fois original et tributaire de Bennington. Le reste du groupe réalise un travail très propre, comme à leur habitude, et l'attitude percussive de Brittain, imprimée par une production relativement vivante, est sans défauts. A notre appréciation, "Cut the Bridge" est plutôt générique et forcé, mais les idées signées mr. Hahn, sur "Overflow" et "Stained" apportent une touche différente et agréable, autorisant Linkin Park a s'aligner sur le marché pop actuel. Fait saisissant : les sonorités finales de "Good Things Go" renvoient directement à l'introduction éponyme de l'album ; on devine ainsi que l’œuvre est une boucle, où l'achèvement prédit la renaissance.
S'embarquant dès le 11 septembre 2024 pour une croisière musicale mondiale, Linkin Park a encore, malgré la perte de Chester Bennington, et l'absence de Brad Delson (uniquement pour les concerts) de merveilleux jours à partager. L'occupation du chant par Emily Armstrong est impeccable, tout comme les résonances des tambours de Colin Brittain. En France, la liquidation immédiate des billets du passage du groupe à Nanterre le 3 novembre dernier atteste de la continuité de la popularité inaliénable qu’expérimente toujours le sextette américain, et ce, en dépit de la décroissance de l'intérêt apporté au rock en faveur du hip-hop et des styles électroniques.
On recommande cet album à tout fan de l'équipe à Shinoda, bien que ceux de la première heure peuvent bien avoir un avis mitigé. Personnellement, bien que l'on applaudisse l'excellente mise sur rails du tout nouveau line-up, on leur préférera éternellement le duo de "Hybrid Theory" et "Meteora", ayant inculqué à notre âme les fondamentaux du metal à travers les relents de la "New Wave of American Heavy Metal". Récemment, le néo-metal a le vent en poupe, avec des formations telles que Wargasm, Graphic Nature, My Ticket Home, ou encore Tallah. Le combo originaire d'Agoura Hills redore son blason et s'affirme de nouveau comme le colosse du genre avec ce qui constitue selon nous le zénith de "From Zero" : "Two Faced" ; à consommer sans modération !
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De gauche à droite : Dave Farrell, Brad Delson, Joe Hahn, Emily Armstrong, Colin Brittain, Mike Shinoda. |
Le dernier album, "From Zero", marque un nouveau départ pour le groupe avec l'intégration d'Emily Armstrong comme chanteuse principale. Cette dernière déploie une nouvelle énergie au groupe et nous permet de redécouvrir Linkin park. J'ai une certaine préférence pour les morceaux "Heavy is the crown", "Emptiness Machine et "two Faces"
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