"Le méconnu prodige du blues électrique texan Johnny Winter entre en scène !"
"The Progressive Blues Experiment, issu entièrement d'une session live en studio, nous dévoile un trio révisant les standards du blues avec une spontanéité et verve sans précédents, entrecoupé de compositions originales pleines de hardiesse. Avant le succès de Stevie Ray Vaughan, s'initiait la ferveur de Johnny Winter."
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Illustration de la réédition américaine de 1969. |
Qui est responsable du maintien et du rafraichissement de la carrière du légendaire et charismatique Muddy Waters à la fin des seventies, puis au début des eighties, participant et produisant successivement les "Hard Again" (1977), "I'm Ready" (1978), et "King Bee" (1981) ? Qui est responsable du fleurissement de la scène blues électrique sudiste, texane, évoluant notamment en ce que les médias qualifieront de "southern rock", en parallèle des Allman Brothers, et bien avant ZZ Top, Lynyrd Skynyrd, et particulièrement Stevie Ray Vaughan ? Ce dernier a par ailleurs inclus, dans son fameux Double Trouble, le bassiste Tommy Shannon, qui opérait, dix ans en arrière, au sein de la formation de notre mystérieux héros texan dont nous révélons les exploits. Abaissons désormais les rideaux, il s'agit de John Dawson Winter III, plus communément nommé Johnny Winter. Véritable prodige de la note bleue au temps où celle-ci éclate au grand public par l'intermédiaire du rock, il a su lui insuffler, comme on vient de le voir, une dynamique implacable, d'égale mesure à ses propres enregistrements, dont on va ici explorer le bourgeonnement.
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La session live originellement délivrée en 1968. |
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Illustration de l'édition française de 1969. |
Après une récupération d'une pièce de James Moore, Johnny tend sa mandoline sur le très roots "Back Luck and Trouble". Ensuite, "Help Me", du grand Sonny Boy Williamson (rejoué notamment par Ten Years After, Van Morrison, ou bien Canned Heat...) dessert à nouveau l'excellence de la tradition du blues par le trio mené par Winter. "Mean Town Blues" met en exergue l'influence proprement texane, indigène de notre pionnier du blues rock, que l'on peut aisément rapprocher du feeling à la bande à Billy Gibbons. S'ajoute cet écho au suprême Blind Willie McTell qu'est "Broke Down Engine", de manière à ne pas omettre la profondeur des racines du blues. "It's My Own Fault", issu de "My Own Fault, Darling" du géant B.B. King, est assurément le meilleur titre de tout l'album, et un essentiel du répertoire de Winter, avec son shuffle incroyable, soutenu par ses deux acolytes, concrétisant la vivacité de ce "live in studio".
En décembre 1968, après avoir été invité à jouer "It's My Own Fault" en compagnie de Mike Bloomfield au fameux Fillmore East (passage obligé des Allman Brothers au début des seventies), Johnny est découvert par Columbia Records. La célèbre maison de disque signe avec lui le contrat le plus coûteux de l'époque, à pas moins de six cent mille dollars ! A cet instant, la carrière du jeune surdoué de Beaumont va évoluer jusqu'à lui permettre d'avoir une bonne couverture nord-américaine, débouchant jusqu'au Woodstock, et donc, à la fin des années 70 et à l'aube des années 80, à la coopération qualitative avec Muddy Waters. Ce dernier, par le biais de Johnny, va tout de même sortir parmi ses plus puissants disques, chacun récompensés par les Grammy Awards. Johnny obtiendra lui aussi reconnaissance des Awards grâce à deux albums, en 1984 et 1985. A noter qu'il sera, en 1988, le tout premier artiste blanc à être intégré au Blues Hall of Fame. Au vu de son style particulièrement agressif, il évoluera naturellement vers des territoires orientés plus hard rock au tournant des seventies. Le succès de son "officiel" premier album éponyme d'avril 1969 enclenchera une série de nouveaux pressages pour "The Progressive Blues Experiment", qui reste une réussite commerciale. Beaucoup de choses intéressantes sont à écouter chez Johnny (on pense aussi au "Second Winter", écrit dans un registre moins blues traditionnel et plus orienté rock), mais c'est bien cet originel opus, couplé à "Johnny Winter", qui contient selon nous la crème de son inspiration. A recommander à tout réel passionné de blues électrique.
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Johnny Winter au Woodstock à l'été 1969. |
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