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Photo par David Arnoff, le même ayant réalisé la photo du premier The Cramps ! |
Suivant le légendaire passage des Ramones en août 1976 (ainsi que par la présence des Runaways), la Californie développe une solide scène punk rock autour de San Francisco et Los Angeles, où est justement passé le quartette new-yorkais. La cité des anges abrite notamment The Zeros, The Weirdos, puis The Germs (dont le seul album a été produit par Joan Jett !), Black Flag, The Middle Class, et Circle Jerks, lesquels vont permettre l'établissement du punk hardcore. Plus au nord, San Francisco couve The Nuns, The Avengers, et, comme à Los Angeles, une scène hardcore va émerger grâce aux efforts des Dead Kennedys et MDC. L'activité féminine n'est pas en reste, puisque l'on a justement les chanteuses de The Nuns, The Avengers à San Francisco, et de The Bags et X à Los Angeles. A cette longue liste non-exhaustive s'ajoute U.X.A. (originaires de San Francisco, mais allant rapidement se relocaliser à Los Angeles), incluant la charismatique vocaliste De De Troit et son esthétique remarquable, que l'on peut comparer à celle de Siouxsie Sioux des fameuses Banshees.
Formé en 1977 (ou 1978, les sources divergent...), U.X.A. (acronyme pour United Experiments of America) évolue autour de Riche O' Connell (percussions), Linwood Land (basse), et le couple de De De Troit (de son vrai nom Denise Semiroux ; "De De" étant une référence au surnom du bassiste des Ramones) et Michael Kowalsky (guitare). Ce dernier tombe fatalement par cause d'overdose d'héroïne peu après la constitution du groupe... Cet épisode est bien souvent occulté par la disparition similaire de Sid Vicious l'année suivante, et de Darby Crash des Germs deux ans plus tard. Est documenté un single de 1978, qui n'a finalement été délivré qu'en 1990. C'est à partir de 1979 que l'on témoigne d'une activité par la participation d'U.X.A. à la compilation "Tooth and Nails", introduisant également The Germs, The Middle Class, et les franciscanais de Negative Trend (futurs membres de Flipper).
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La diva punk De De Troit. |
"Illusions of Grandeur", s'il avait été plus connu, est un recueil qu'on peut largement créditer comme un tremplin pour la création du rock alternatif et du grunge (à l'image de Black Flag et Flipper, et en dehors de Californie, Husker Du ou Dinosaur), comme on le constate à l'écoute du titre d'ouverture "Paranoia is Freedom", réminiscence des futurs L7 et Babes in Toyland, cri de guerre contre tous les représentants politiques et religieux. Les boueux "Hand in Glove", "Innocent Bystander" et "Death from Above", sous les vocalises torturés de notre chanteuse, très proches de Siouxsie Sioux et d'Exene Cervenka (X), sont dans le même calibre. Au reste, on a le tranchant punk rock (prévisible, mais... à quoi vous attendez-vous au juste ?) de "No Time", "U.X.A.", "You Saw Me", "Sister Godfrieda" ou encore "Immunity", dans la veine proto-hardcore des Germs. On a aussi "Tragedies", rappelant assez Motörhead ; c'est un de leurs meilleurs morceaux, figurant sur le premier volume de "Rodney on the ROQ" et conservé tel quel sur "Illusions of Grandeur".
Contrairement à Fear, Bad Religion, The Germs, Black Flag, ou encore Social Distorsion, la renommée de U.X.A. ne dépassera pas vraiment sa scène locale californienne. Malgré quelques tentatives discrètes dans les années 90, la bande à De De Troit restera malheureusement obscure, et ce jusqu'à aujourd'hui. Quelques rééditions apparaitront entre 1990 et 2004, et c'est en 2023 que le label italien Radiation Records, spécialisé dans l'exhumation de classiques (The Blood, The Dils, The Kids...) accorde une énième renaissance à "Illusions of Grandeur", qui reste pour nous, sans être essentiel, un formidable et authentique disque à ranger aux côtés des grands californiens déjà listés, ainsi que d'autres oubliés tels que Legal Weapon, The Simpletones, The Controllers, The Flesh Eaters ou Kaos, faisant la passerelle entre punk rock classique et hardcore.
7/10
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