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| Couverture produite et réalisée par Wino lui-même (c'est le type à droite). |
L'histoire
de The Obsessed est en quelque sorte à l'image du parfum moribond et
mélancolique entourant leur musique ; à l'image de ce qu'inspire ce qui
est autour du doom en lui-même : le rejet, la solitude, et la
désolation.
La formation du désormais célèbre Wino (Robert Weinrich) débute en 1976 dans le Maryland sous le patronyme de Warhorse sous forme de quintet, jouant dans le style des Stooges et des Dictators. C'est en 1978 qu'ils deviennent The Obsessed. Ils évoluent alors au beau milieu d'une scène rock à présent dominée par le punk. Ce dernier va largement, pour ne pas dire totalement, couper le heavy metal de ses racines blues. Mais certains groupes tels que Motörhead, tout en embrassant le punk rock, sauront conserver la fibre qui définissait les années 70 avant l'apparition des Sex Pistols et des Damned. C'est à partir de cette ingénieuse rencontre stylistique, révisée entre autres à partir du noyau essentiel dénommé Black Sabbath, que The Obsessed trouvera sa propre patte.
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| Wino en 1984. |
S'accroissant aux côtés de pelotons démontrant un jeu similaire tels que Pentagram et Trouble, la bande à Wino inaugure sa carrière alors que le heavy metal s'immerge de plus en plus dans l’agressivité et la célérité ; le thrash et speed metal. Après deux démos (1980 et 1982) et un single (1983) passés sous silence, c'est en 1985 que figurera un extrait de leur troisième démo sur le sixième opus de la légendaire compilation Metal Massacre du label Metal Blade, normalement accompagné de la sortie d'un album dont les morceaux avaient déjà été écrits. Malheureusement, sans doute à cause de l'impopularité du style pratiqué par la troupe du Maryland (difficile d'apparaitre sur une compilation en parallèle de Possessed et Hirax...), ce projet n'a pas abouti. Suite à cela, le leader rompt The Obsessed et rejoint l'excellent Saint Vitus jusqu'en 1990. Un peu avant cela, en 1989, Saint Vitus collaborera avec le label Hellhound Records. Ce dernier va commercialiser l'année suivant l'album de The Obsessed qui aurait du voir le jour chez Metal Blade cinq ans auparavant. Ceci va provoquer chez Wino le désir de remettre son premier groupe en activité, sous forme de trio, en commençant par réenregistrer entièrement le disque fin 1989. C'est celui-ci qui est ici traité.
The
Obsessed est à l'avant-garde de ce que le paysage musical des années 90
va proposer. Tout en retenant la touche NWOBHM d'Iron Maiden et le hard
blues d'AC/DC ("Freedom"), ils font du Soundgarden ("Forever
Midnignt"), du Alice in Chains ("The Way She Fly"), en ajoutant du Black
Flag ("Inner Turmoil"), du Kyuss ("Ground Out") sans oublier l'évidence
du sabbat noir ("Red Disaster"), et le passage de Wino chez Saint Vitus
("River of Soul") ; tout cela distillé dans l'esprit de la fin des
années 60 et le début des années 70, de par l'influence d'Hendrix, de
Cream, de Blue Cheer, d'Hawkwind, Grand Funk, Sir Lord Baltimore, avec
une mention spéciale à Vulcano (l'ouverture de l'album sur "Tombstone
Highway") ! On comprend ainsi pourquoi les américains du Maryland n'ont
pas été retenus au milieu des années 80 : leur style préparait déjà le
terrain aux futurs Alice in Chains, Soundgarden ou encore Cathedral et
Orange Goblin. On ne peut réellement les classifier, tant leur empreinte
est colorée d'époques et d'attitudes diverses s'unissant ici dans un
ingénieux travail. Simple mais admirablement maniée, la palette de
sonorités peignant l'album nous invite à nous plonger dans toute
l'histoire du hard rock.
Durant la première moitié des années
90, le groupe réalisera encore deux albums, dont "Lunar Womb" en 1991,
lequel leur donnera gain de popularité dans l'underground, en cette
décennie davantage tournée vers les années 70, en témoigne du succès du
grunge, très influencé par les Stooges et Black Sabbath. En 1995, Wino
met un terme à l'aventure, allant former Shine, renommé ensuite Spirit
Caravan, qui mettra l'accent sur le côté "stoner" de The Obsessed. Le
premier album de ce dernier reste un puissant et original témoignage de
la créativité des années 70 et un précurseur méconnu de la verve
artistiquement rêche et maussade des années 90. "That's it !"
8/10




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